Visite de l'entreprise Nicolosi Créations à Aiglun : quand le maintien en emploi de travailleurs en situation de handicap devient un levier de cohésion d'équipe

 
 

Le 16 novembre 2022 a été l'occasion de rencontrer Madame Célia Nicolosi, jeune femme chef d'etreprise de Nicolosi Créations pour nous faire part de son expérience dans le maintien en emploi de salariés en situation de handicap.

 

Nicolosi Créations est une TPE locale à Aiglun, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de parfums, parfums d’ambiance et cosmétiques.

Elle emploie 8 salariés dont 50% sont des travailleurs en situation de handicap, ce qui est largement au-delà des recommandations. Les process de fabrication (mise en bouteille, étiquetage, emballage) sollicitent fortement les épaules et les membres supérieurs de manière répétée ce qui crée à terme l’usure des articulations.

Madame Célia Nicolosi a été confrontée à la nécessité d’adapter les postes de travail de ses salariés en situation de handicap du fait d’accident de la vie.

 

« Nous sommes une petite entreprise, je n’ai pas de possibilité de reclasser sur d’autres métiers, plus administratifs par exemple : les métiers de la fabrication sont donc essentiels. Pour moi, il était important de conserver le savoir-faire de mon personnel : actuellement il est difficile de recruter, surtout dans des zones rurales. Mes collaborateurs connaissent bien nos process et le niveau de qualité des produits qui sont expédiés aux Etats-Unis ou en Asie. Un retour de marchandise pour défaut est une perte pour l’entreprise. Mon objectif est de conserver cette expérience acquise et les compétences qui me garantissent la qualité de notre marque. »

 

Parce que ses salariés ont un statut de travailleur handicapé, Madame Célia Nicolosi a pu bénéficier d’un accompagnement par Cap Emploi 04 qui lui a mis à disposition un ergonome : il a étudié sur site les postes de travail, fait des propositions pour des machines adaptées et réalisé les dossiers d’aide auprès des AGEFIPH.

 

"En tant que chef d’entreprise, j’achetais mon matériel en fonction des conseils des fournisseurs et de mes contraintes budgétaires : sans l’aide de l’ergonome, je n’aurais pas pris conscience que certains dispositifs pouvaient faciliter le travail au quotidien et limiter les douleurs des épaules. J’ai pu disposer d’un cahier des charges précis, en prenant en compte la configuration de nos locaux".

 

 Le choix du matériel et des process a été également débattu et validé avec les salariés : par leur expérience des gestes professionnels, ils ont pu s’exprimer sur le matériel pertinent et facilitant et refusé celui qui n’apportait aucun bénéfice, ce qui limite les achats inutiles.

Madame Célia Nicolosi fait l’inventaire des différents matériels (chaîne de fabrication, filmeuse, étiquetage, plan incliné…), financés à 25% par les AGEFIPH, dans lesquels elle a investi. Qu’est-ce qui fait que l’entreprise ait décidé de réaliser des investissements importants de plus de 100 000 euros dans son process de fabrication ?

« Globalement, la proposition a été l’opportunité aussi de moderniser notre chaîne de production. C’était un choix stratégique de long terme. Ensuite, le montant des aides a été un facteur de décision. Et pour finir, c’était une nécessité pour repenser les métiers, leurs contraintes de travail : je ne voulais pas perdre mes collaborateurs, former des salariés prend du temps qui s’évalue mal ».

 

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Faut-il de tels investissements pour réussir un maintien en emploi ?

« Non, c’est un exemple particulier dans lequel l’employeur a également décidé de moderniser sa chaîne de fabrication, répond Sandrine Magnan, Directrice de l’AISMT04. Certaines propositions d’aménagements peuvent être organisationnels, tels que la rotation sur les postes, l’aménagement du temps de travail, ou la redéfinition des tâches. Pour les aménagements techniques, les achats en matériels sont généralement moins importants et pour la part de la compensation de l’handicap mieux financé jusqu’à 100% : par exemple un exosquelette adapté peut coûter jusqu’à 5 988 € TTC, avec une prise en charge par l’AGEFIPH de 100%. »

Pour la part non financée au titre des travailleurs handicapés, il existe également des aides sur l’amélioration des conditions de travail par la CARSAT Sud Est, notamment le dispositif TMS Pros. L’AISMT04 met également à disposition l’expertise d’un ergonome en dehors des situations de handicap. Il suffit de se renseigner auprès de son médecin du travail.

Concernant les dispositifs d’insertion des travailleurs en situation de handicap, quel est le retour d’expérience de Madame Célia Nicolosi ?

« Souvent en tant que chef d’entreprise, on est confronté à une certaine lourdeur administrative. Et pour une fois, cela a été facile pour moi alors que je ne savais pas qui faisait quoi. C’est l’ergonome qui s’est chargé d’être en contact avec tous les organismes, la relation avec le médecin du travail, le montage du dossier, la relation avec l’AGEFIPH… »